L’argile et le toucher

Laisser faire les mains. Je touche et je suis touché(e), et cela se joue à la surface de la peau. Le toucher comme premier langage. 

La peau en tant qu’organe tactile représente la plus grande partie de notre corps. Elle constitue l’une des premières expériences de la vie, celle du toucher précoce. Un contact intime. 

C’est tout un processus que de grandir et se développer, l’être humain nait « immature »; il nécessite la traversée de phases de développement pour acquérir la marche, la parole, et avant cela ramper avant de se stabiliser et marcher. Il est inachevé et c’est à son environnement d’en prendre soin, il faut au petit d’homme un certain nombre d’années avant qu’il soit capable de s’autonomiser et s’individuer.

Toucher est dynamique, c’est mettre en mouvement son corps. Le geste part d’un élan (un aller-vers) et c’est déjà comment habiter son propre corps avec cette action, Comment nous nous y prenons pour faire ce geste ?  Comment nous nous préparons à la rencontre, avec autrui, ou ce bloc d’argile, là devant nous, peut-il y avoir quelque chose à apprendre de notre manière de faire ?  Pour démarrer, prendre le temps de se demander comment c’est d’être au contact de TOUTE CETTE ARGILE ? 

Ces expressions que nous connaissons citant la peau « caresser dans le sens du poil »; « toucher avec un gant de velours »; « avoir la peau dure »; « à fleur de peau »; « faire peau neuve »; « toucher une réalité du doigt »; « les choses palpables, tangibles »; « être à vif, ou irritable ou hypersensible »; « entrer en contact avec quelqu’un »; « mettre les formes »; 

La peau est-elle une simple enveloppe (un sac ?) contenant les os et les autres organes ? imaginer comment son tissu peux être important dans le cerveau, c’est un système sensoriel, d’ailleurs un individu pourrait il réellement vivre sans les fonctions assurées par la peau ? 

Il y a une dimension anthropologique dans le toucher, si l’on considère les différentes espèces, en observant comment se manifeste chez les mammifères, au travers de la toilette de la mère à ses petits, l’accueil dans le monde dans lequel ils viennent de naître.

En Gestalt, il y a la notion fondamentale d’Organisme c’est à dire l’individu lui-même et le lien très direct avec le toucher, c’est à dire ce que l’organisme a reçu (ou non) de son environnement précocement et dans sa vie actuelle.

Séance de 1 heure, sans attente de performance esthétique, c’est dans le laisser faire des mains sans intention. 

Littérature

La peau et le toucher d’Ashley Montagu

Le moi-peau de Didier Anzieu